NOUVEAU! Collaboration avec le Street artiste SUFYR pour une création hybride. Rencontre de l’univers Hypocondri’Art avec ses portraits multilayers. Voici HIPPOCRATE 50 mg
Hypocondri’Art
Image de l’exposition au Musée des Gueules Rouges à Tourves Image of the exhibition at the « Gueules Rouge » Museum in Tourves
Présentation au SIAC 2018 Exposed at the SIAC 2018
Blanches, colorées, translucides, opaques, rondes, carrées, plates, bombées, occasionnelles ou quotidiennes, ces pilules si familières aux formes et caractéristiques variables, j’aime les comparer, leur trouver un intérêt dans leur multiplicité, jusqu’au point d’avoir eu besoin de les collecter et de les conserver, telles des vanités contemporaines. Ainsi sont nées ces combinaisons géométriques et designs, un pur jeu formel de divers alliages et couleurs de gélules encore protégées dans leur blister d’aluminium.
Des créations méthodiques, souvent symétriques qui jouent sur les mots avec ce titre contrepied « Eat ME » Les manger ? Pourquoi donc ? Plutôt les observer…bien que cela ne suffise pas à nous enlever nos maux divers, il se peut que cela nous évoque des mots d’esprits.
White, colorful, translucent, opaque, round, square, flat, curved, occasional or daily, these pills so familiar to shapes and variable caracteristics, I like to compare them, find them an interest in their multiplicity, to the point of having needed to collect them and keep them, like contemporary vanities. Thus were born these geometric and design combinations, a pure formal game of various alloys and capsule colors still protected in their aluminum blister.
Methodical creations, often symmetrical that play on the words with this title contrepied « Eat ME » Eat them? Why is that ? Rather to observe them … although this is not enough to remove our various evils, it may be that it evokes words of spirits.
2017-2018
2012-2016
Si par hasard, vous avez la chance de pouvoir consulter le « VIDAL », c’est facile car tous les médecins ont ce précieux dictionnaire médical qui recense tous les médicaments, vous penserez en ouvrant l’ouvrage que la liste des produits va être à la mesure de l’épaisseur du livre. Et vous avez raison, car cette bible de pharmacopée comporte 4000 références (91e édition de 2015). Vous serez d’autant plus surpris de connaître un nombre non négligeable des produits présentés ce qui fait de vous un hypocondriaque potentiel, en tous cas un grand consommateur de médicaments. Un petit tour dans votre pharmacie personnelle vous confirmera rapidement cette impression.
Aurélie Bellon présente au Musée des Gueules Rouges de Tourves : une série de compositions intitulées « EAT ME », des cadres de 50 x 50 cm, faits d’assemblages géométriques réalisés avec des plaquettes de médicaments.
Le travail de peinture d’Aurélie Bellon est à la base, plaisant, léger et coloré que ce soit ses séries de portrait « SpéciMEN » ou ses peintures « Dialogues ». Cela devient plus complexe avec les œuvres qui mélangent peinture/collage sur des supports différents, aux multiples formats. Certaines de ses œuvres « polyptyques » envahissent l’espace et se composent à volonté s’approchant parfois du Design par ses compositions modulables. Son travail photo « Décalage » propose de changer le regard et crée une relation entre le spectateur et l’œuvre tout à fait particulière. Tout cela est accessible pour chacun, dans les expositions, dans son atelier, sur le net, en location ou à la vente.
Cela permet à Aurélie de se décrire comme « Créatrice plurielle » ou « Artiste hybride ».
Plus particulièrement les œuvres composant le série « EAT ME », interrogent et soulèvent un problème social plus important. Il s’agit au départ de rencontres fortuites, de plaquettes de médicaments récoltées, triées, choisies, puis regroupées dans un cadre où elles composent une œuvre visuelle bariolée, sérielle, où se détachent des signes, où simplement s’alignent des rythmes, où apparaissent des lignes. En y regardant le plus près, on y découvre relief, matière satinée ou matte, couleurs, évoquant à chaque fois des goûts allant du sucré léger à l’amertume. Cela rappelle à chacun cette expérience particulière et si familière qui consiste à avaler un concentré de molécules chimiques. On a tendance à en oublier les conséquences réelles. On ne les aime ni par le goût, ni pour leurs effets indésirables, parfois on les dévalue simplement en pensant qu’ils n’ont aucun effet. Nous continuons pourtant d’en acquérir et d’en utiliser en masse, cela leur valait bien un peu d’attention et cette exposition.
La présentation d’Aurélie Bellon nous permet ainsi de les voir autrement, retournés, sans noms apparents, tous alignés sur le même mode opératoire, vitrifiés, quasiment muséographiés. Leur abondante variété nous parle un peu de cette abondance et de ce recours quasi systématique.
Tranquillement, l’œuvre « EAT ME » nous questionne sur la surdose, l’accumulation des prises successives, la relative variété des produits présentés.
Faut-il casser la vitre pour gober en urgence ces petits cachets multicolores ?
Faut-il les regarder comme une collection de papillons punaisés à jamais dans leur mortifère beauté ?
Quelles sont ces chères pilules que l’on croit reconnaître ? Sont-ce de simples compléments alimentaires sans graves danger ou de puissantes molécules ensachées dans leur coque dorée et sucrée ?
Faut-il déjà ranger tout cela au musée et les regarder comme des espèces en voie de disparition au profit d’autres soins nouveaux plus performants ?
En faisant le lien avec le Musée des Gueules Rouges, la présence de « EAT ME » est tout à fait justifiée par la pellicule aluminium qui met sous vide chaque tablette et qui constitue le font de l’œuvre. Pas question cette fois-ci de pointer les contre-indications du matériau aluminium mais de rappeler que cette matière permet la protection des soins. Il n’est plus froid ou polluant, il devient l’écrin de notre bien être et cela nous oblige à repenser plus finement nos liens avec les matériaux. Nous voilà obligés de sortir du manichéisme bon/mauvais matériaux et de ré-évaluer subtilement l’usage des différents minerais que nous exploitons et dont nous connaissons leur relative rareté.
Je vous invite à voir ses objets « EAT ME » en situation au Musée des Gueules Rouges car les mots ne remplacent pas les œuvres. Vous y prendrez déjà simplement plaisir à voir s’aligner ces petites pilules, créant des séries multicolores sympathiques, créant parfois des reflets et des reliefs comme dans les œuvre de Victor Vasarely. Je vous invite à voir ces compositions graphiques ou ces motifs pour créer un rapport personnel particulier entre le corps de chacun et ces petits objets industriels extérieurs froidement présentés.
Je vous invite à considérer avec attention ce travail et même si le titre des œuvres est « EAT ME », Aurélie Bellon retient joyeusement notre attention sur ce geste anodin qui consiste à « avaler la pilule ».
À voir sans ordonnance !
Frédéric Frédout – DESIGNER
et Professeur à l’école supérieure d’Art et de Design de Marseille Méditerranée.
ZigZag est né d’une collecte, d’une sélection puis d’un assemblage de plaquettes de médicaments vides, pour créer une sculpture murale en progression. Reprenant les règles du jeu de domino*, des lignes se déploient dans l’espace tout en tissant un dialogue entre les différentes formes de plaquettes d’aluminium. Ces assemblages et combinaisons formelles amènent à percevoir l’œuvre de façon familière puisqu’elle est réalisée à partir d’objets de consommations courantes.
L’œuvre peut être continuée à l’infinie, créant ainsi une sculpture évolutive.
Actuellement elle est composée de 48 plaquettes d’aluminium.
Ces chiffres font écho au nombre de boite consommée en moyenne par an et par personne en France. Nous sommes les champions du monde de la consommation de médicaments. En 2012, la dépense moyenne pour des médicaments est de 525 euros par personne. Les plus vendus sont le paracétamol avec la très connu Doliprane et 125 millions de boites d’antibiotique**.
*Poser à l’une des extrémités un domino dont l’une des parties a le même nombre de points
**Source : reportage Capital du 8 février 2015
ZigZag was born from a collection, selection and assembly of empty medicine pads, to create a growing mural sculpture. Repeating the rules of the domino game *, lines unfold in space while weaving a dialogue between the different forms of aluminum plates. These assemblages and formal combinations lead us to perceive the work in a familiar way since it is made from everyday consumer objects.
The work can be continued to infinity, creating an evolutionary sculpture.
Currently it is composed of 48 aluminum plates.
These figures echo the number of boxes consumed on average per year per person in France. We are the world’s champions of drug consumption. In 2012, the average expenditure for medicines is 525 euros per person. The best-sellers are paracetamol with the well-known Doliprane and 125 million boxes of antibiotics **.
* Put at one end a domino of which one of the parties has the same number of points
** Source: report Capital of February 8, 2015
Quelques images du catalogue de l’exposition édité par les Editions Plaine Page – Zone d’intérêt poétique
Some images from the catalog of the exhibition published by Editions Plaine Page – Zone of poetic interest